Je reste un long moment blottie contre Mike; je ne veux pas qu'il me lâche. Ce garçon, je l'aime; peu importe ce que les autres en pensent. Je pose ma tête dans le creux de son cou brûlant, tandis qu'il me serre contre lui.
- Ta mère n'est pas chez toi ?
- Non, elle est avec une de ses amies; je reste tout seul jusqu'à la fin de la journée normalement.
- Tout seul non...
Mike me sourie puis dépose un doux baiser dans mon cou.
- Qu'est ce que tu veux faire ?
- Qu'est ce que tu me proposes ? je lui réponds en le regardant droit dans les yeux.
- On va faire un tour ?
- Je suis partante !
Mon beau brun attrape sa veste en cuir noire, puis nous descendons les escaliers qui mènent directement jusqu'à la porte d'entrée. Je jette un coup d'œil rapide à la pendule; elle indique qu'il est 12h15. Quand nous franchissons la porte d'entrée; nous restons quelques instants sur le terrasse de chez lui. Il y a un beau petit salon de jardin.
- Tu veux qu'on reste un moment ici ? me demande-t-il.
- Pourquoi pas ?
Nous nous installons sur un petit canapé. Devant nous, se trouve une table basse en verre; elle est un peu sale à cause de la pluie récente.
- Bon... je commence.
- Florencia, j'ai quelque chose à te demander, j'aimerai que tout soit clair et fait dans les normes.
- Oui ?
- Est ce que tu veux bien être ma petite amie ?
Cette question me bouleverse à l'intérieur. Je suis toute excitée; il n'a même pas besoin de me demander cela, la réponse est évidente :
- Oui, bien sûr que je veux ! Oui, oui, oui et encore oui !!
Mike sort quelque chose de sa poche; je n'arrive pas à voir ce que c'est. Il me fait signe de fermer les yeux; ce que je fais sans broncher; puis, quelque chose de froid touche ma poitrine et ma nuque. Lorsque j'ouvre mes yeux; je vois que Mike m'a attaché un pendentif. Une chaîne en or orne mon cou, et une jolie petite clef pend au bout de cette chaîne.
- Mike, c'est magnifique...
- Ce collier me vient de ma grand-mère; elle m'avait dit de l'offrir à la fille que j'aime. Alors, je te l'offre. Florencia, je te jure que je te protègerai toujours.
En guise de remerciements; je le prends dans mes bras. J'en reste bouche bée, il est si gentil...
Nous entendons des voix féminines essouflées; des filles sont visiblement en train de trottiner. Mes yeux se reposent sur mon copain, qui me regarde tendrement. J'approche mon visage du sien; bien décidée à l'embrasser. Il pose une de ses mains sur ma joue et se rapproche, lui aussi, de moi. Il ne reste plus que quelques centimètres pour que nos lèvres se touchent; il fait exprès de faire durer l'attente. Ma respiration se fait de plus en plus rapide, de moins en moins régulière; je n'en peux plus d'attendre.
Cette fois, c'est moi qui fais le premier pas : je penche ma tête  sur le côté, ferme les yeux et embrasse mon partenaire. Il me caresse doucement la joue, quand un cris strident nous interrompt :
- AHHHH !! QUOI ?! PINCEZ-MOI, JE RÊVE !!!
Nous nous reculons l'un de l'autre en sursautant, puis nous nous levons. J'ai la mauvaise surprise de voir Alexia et Lucie en tenue de sport. Toutes deux sont rouges, je n'arrive pas à savoir si c'est parce qu'elles ont courus ou si c'est à cause de ce qu'elle vienne de voir. Ces deux furies se dirigent vers moi à grands pas menaçants.
- Tu les laisses rentrer chez  toi ?! je demande à Mike.
- Non, attends, reste là.
Il s'éloigne de moi, en marchant en direction des filles. L'attitude de Lucie change tout de suite, elle se caresse les cheveux et se dandine dans tous les sens. Alexia, quant à elle, se contente de le fixer; je n'arrive pas à déchiffrer l'expression de son visage. Je les vois parler tout les trois, mais n'entends rien.
Mike a l'air d'essayer de calmer le jeu; et je remarque qu'Alexia s'approche doucement de lui au fur et à mesure qu'il parle. Quoi ?! Elle ne va quand même pas essayer de l'embrasser là ! Je m'avance discrètement, pendant que personne ne me regarde, pour essayer d'entendre ce que mon petit ami dit; mais en vain. Mike effectue un mouvement de recul quand Alexia n'est plus qu'à quelques centimètres de lui. Cette fois, c'en est trop, je la déteste.
Je remarque une petite borne d'incendie sur le coin de la route; je ne peux pas expliquer ce qu'il se passe; mais en songeant à toute la colère qui se trouve en moi, je réussis à dévisser l'embout de métal rouge qui la tenait fermée.
En une fraction de seconde, un jet d'eau d'une puissance indescriptible jaillit de la borne; Alexia se retrouve trempée de la tête aux pieds et propulsée à une dizaine de mètres de Mike. Lucie, elle, est juste mouillée, quant à Mike, il n'a rien. Il se retourne vers moi et me lance un regard interrogateur. Je fais mine de ne pas comprendre ce qu'il vient de se passé et lève les épaules.

Elle peut soulager, elle peut faire mal,
Jamais elle ne nous ment;
Nous la disions quand nous étions innocents,
Si c'était toujours le cas, elle serait moins brutale.

Mais depuis, nous avons bien changés,
La vérité est devenue presque étrangère,
Cela durera jusqu'à ce qu'on redevienne poussière,
Car dans le mensonge, nous nous sommes réfugiés.

Avant, nous n'avions pas d'autre solution;
De nos jours, on préfère la trahison,
Cela serait bien que nous prenions conscience,
Que nos actes provoquent une horrible souffrance.

Qui sommes-nous pour mentir aux autres ?
Et prétendre que ce n'est pas de notre faute ?
Même si ce n'est pas la solution de facilité...
Je vous en prie, choisissez la vérité.

Sur Terre, nous sommes tous différents;
Eh oui, jaune, rouge, noir ou blanc,
Une seule chose nous rend unique;
Les gens pensent que c'est notre physique.

Bien heureusement, ce n'est pas le cas,
La vérité est bien mieux que cela;
Car je pense que notre plus belle richesse,
C'est d'avoir le cœur plein de sagesse.

Vous savez, quand on vieillit,
Notre visage change, notre corps aussi;
Notre cœur, lui, ne change pas,
Car il est le seul, qui ne nous ment pas.

Pourquoi s'arrêter sur le visage des gens ?
Cela ne nous dit pas qui ils sont vraiment;
Je pense qu'il faut découvrir leur personnalité,
Car croyez-moi, on est tous capable d'aimer.

Au fond, que veut dire être beau ?
C'est être gentil, et surtout pas faux;
Ecouter son cœur, peu importe ce que les autres en pensent;
Et surtout, rester soi-même en toute circonstance.

           Ce qu'il s'est passé hier était magique... Hallucinant aussi... Ce samedi, j'ai prévu de sortir voir Mike, puis Lisa viendra ce soir à la maison. Bien sûr, je ne compte pas dire à papa que Mike et moi nous sommes embrassés. Il m'interdirait formellement de le voir, et prendrait même le risque de me changer de lycée. Non, il ne faut pas qu'il découvre quoi que ce soit.
Assise sur une chaise de la cuisine; je bois un bol de lait au chocolat en regardant les notifications de mon téléphone. Plusieurs messages de Lisa :
"J'apporte mon pyjama hein ?"; "Je reste jusqu'à demain matin, ou demain après midi ?"; "Alors ??!".
Ce genre de messages, c'est typiquement Lisa, elle ne sait pas en envoyer qu'un seul à la fois. Je lui réponds :
"Comme tu veux, apporte ton pyjama, oui, et pour le moment où tu repartiras, on verra quand tu seras à la maison, à ce soir !"
J'ai également un message de Mike. En voyant ça, mon cœur fait un bon, et j'hésite à l'ouvrir. Finalement, je me décide et le lis :
"Bonjour Florencia; comment vas-tu aujourd'hui ? Je n'arrête pas de penser à toi, à hier... J'espère que je ne t'ai pas perturbé en t'embrassant... Je commence à douter, je ne sais pas si j'ai bien fait, si c'était ce que tu voulais... Dis-moi quand on peut se voir... A très vite, j'espère..."
  Je relis son message plusieurs fois avant d'oser lui répondre :
"Salut Mike, je vais bien, merci. Moi aussi je pense à toi... Nous parlerons de tout ça quand nous nous verrons. On se dit dans une demi-heure chez toi ?" Sa réponse ne tarde pas : "Pas de problème, j'ai la maison pour moi tout seul, passe dès que tu peux, je t'attends."
Aussitôt dit, aussitôt fait : je file dans mon dressing et cherche quelle tenue me mettre. J'opte pour un débardeur bordeaux et un pantalon délavé bleu. Une fois habillée, je tresse mes cheveux puis j'attrape des ballerines bordeaux qui vont parfaitement avec mon haut. En descendant les escaliers, je m'écrie :
- Jack, je sors !
Papa m'interpelle :
- Où vas-tu Florencia ?
- Je vais voir un ami papa...
- Bon... Je te laisse la fin de la matinée et tout l'après-midi, tu rentres à 17h30 au plus tard.
- Merci beaucoup papa !
Je saute au cou de mon père et l'embrasse sur la joue. Je file en direction de chez Mike. Le trajet me paraît durer une éternité tellement je suis pressée de le revoir. Lorsque j'arrive, je frappe à la porte. Mike ne tarde pas à venir m'ouvrir.
- Salut, entre !
Lorsque je franchis la porte, je vois que la maison est un peu plus rangée que la dernière fois que je suis venue. Mike me regarde attentivement, comme s'il cherchait à savoir ce que je pense, puis il me fait signe de monter. Sa chambre est terminée, je vois que la peinture a été fraichement refaite, et il a l'air d'avoir terminé de déballer ses cartons de déménagement. Je m'assois sur son lit deux places en le regardant dans les yeux.
- Florencia, pour en revenir à ce que j'ai fais hier... Je suis désolé, je ne sais pas si c'était ce que tu voulais et, j'aurai peut-être pas dû..
- Non Mike, ne dis pas ça, sérieusement.... C'est ce que je voulais, je lui réponds, en me levant.
- Mais, enfin... Et pour ton amie ?
- Qui, Lucie ?
- Oui.
- Elle n'est plus mon amie, maintenant, je m'en fiche, je ne veux plus que toi...
Mike me sourie, se rapproche très rapidement de moi et m'embrasse presque sauvagement. Il me presse contre lui et m'embrasse de plus en plus passionnément. Je fais un mouvement de recul mais tombe à la renverse sur son lit.
Mike rit clairement et me demande :
- C'est une invitation ?
Je le regarde en mordillant ma lèvre inférieure et en levant les yeux au ciel, il comprend que je ne suis pas prête et s'empresse d'ajouter :
- Je rigole ma belle, ne t'en fais pas.
Mike me tend la main, m'aide à me relever et me prend dans ses bras. Je lui murmure à l'oreille :
- Je t'aime...
- Moi aussi je t'aime Florencia...

          Je marche en envoyant des sms à Lisa, qui est dans son bus. Nous nous sommes mises d'accord; demain soir, elle dort à la maison. J'ai hâte; je l'avoue. Soudain, je sens des mains se poser délicatement sur ma taille puis y exercer une légère pression. Je me retourne rapidement et vois Mike.
- Oh, salut. Tu m'as fait peur idiot !
- C'était le but, me répond-il fièrement.
Je glousse bêtement puis le fixe un moment. Il va certainement faire un bout de chemin avec moi, et je vais devoir trouver de quoi parler avec lui. Ce n'est pas gagner... Je n'ai pas beaucoup d'idée... J'engage tout de même la conversation, non sûre de moi :
- Alors euh, tu joues au foot ?
- Oui, j'ai enfin réussi à intégrer l'équipe du lycée, c'est super cool !
- Ah, oui, c'est cool, je lui réponds; en souriant.
- J'ai entendu des rumeurs comme quoi tu t'étais encore disputée avec Lucie... C'est vrai ?
- Euh, oui... Enfin, elle est encore venue m'agresser quoi...
- Je suis désolé pour toi... Je ne veux pas être la source de tes problèmes Florencia...
- Non ! Enfin, ne t'en fais pas. Tu n'y es pour rien..
Il me regarde tendrement, je sens que je commence à rougir, mais j'espère secrètement que cela ne se voit pas trop...
- Tu veux qu'on fasse un détour au parc ? me demande mon ami.
- Oui pourquoi pas ?
Comme ce n'est pas encore l'hiver, il fait nuit aux alentours de 21h00. Il n'est que 17h30; j'ai le temps de rester un bon moment au parc avec Mike.
Nous changeons de direction puis partons pour aller au parc non loin de chez moi. Arrivés au portail de l'entrée principale, Mike pose sa main dans le creux de mon dos pour me faire passer devant lui. Ce geste me procure une drôle de sensation, et des frissons me parcourent tout le corps.
- Après toi, me dit-il en souriant.
Une fois entrés, tout deux marchons au bord d'un petit étang. Je regarde le sol, sans trop savoir quoi dire.
- Et sinon, comment tu vas ? me demande-t-il.
- Bien... Tiens au fait, je ne t'avais pas raconté...
- Quoi ?
- La mère d'Alexia et mon père sont ensemble...
- Non, sérieux ?
Mike éclate de rire sans gêne. Je lui donne une tape sur l'épaule en gloussant malgré moi.
- Rigole pas toi ! dis-je en souriant à mon ami.
- Je vous imagine déjà sœurs elle et toi.
Je le regarde en levant les yeux au ciel et en riant.
- On va s'asseoir ?
Il me propose ça en montrant un banc situé à l'ombre d'un arbre.
- Oui, pourquoi pas ?
Nous nous asseyons sur ce banc en bois, je croise doucement les jambes.
- Et, pourquoi Lucie s'est-elle énervée après toi tout à l'heure ?
- Parce qu'elle est au courant que nous... Non rien...
- Tu ne veux pas me raconter ? me demande-t-il, surpris.
- C'est pas ça, c'est juste que, enfin, elle est au courant qu'on..
- Chut... C'est pas grave, laisse, me coupe-t-il en posant son index sur ma bouche.
Je baisse les yeux et fixe nerveusement l'herbe étendue partout autour de nous.  Je ne sais pas quoi faire avec ce garçon, il me rend folle. Mike me regarde droit dans les yeux, un sourire en coin.
Mon cœur bat de plus en plus vite lorsque je vois qu'il se rapproche dangereusement de moi. Cette fois, mon ami ne regarde plus mes yeux, mais mes lèvres.
- J'ai envie de faire ça depuis la toute première fois que je t'ai vu...
- Mike, je...
Il ne me laisse pas le temps de finir ma phrase et pose tendrement ses lèvres sur les miennes. Je ferme mes yeux pour profiter pleinement de l'instant présent. Mon corps tout entier s'électrise grâce à ce doux contact. Je pose une main derrière sa nuque brulante afin de faire en sorte qu'il continue de m'embrasser. Par la suite, je pose mes avants bras sur ses épaules, en croisant mes mains derrière son cou. Pendant ce temps, Mike pose sa main gauche sur ma taille, et l'autre derrière mon dos.
Je ne veux plus qu'il me lâche; je veux rester dans ses bras, pour toujours. Nous resserrons notre étreinte sans décoller nos lèvres une seconde. Au fond de moi, j'en avais très envie, je le sais.
A mon grand malheur, Mike met fin à notre baiser; je colle mon front contre le sien sans dire un mot. Je fixe ses lèvres avec envie; mais j'essaie de me contenir comme je peux. Ce garçon est vraiment parfait, il n'y a pas d'autre mot. Ne contrôlant plus mes envies, je lui vole un baiser avant de lui dire :
- Il faut que je rentre, il commence à se faire tard, le ciel s'assombrit...
- Oui, laisse-moi te raccompagner, je préfère que tu ne rentres pas seule.
J'acquiesce d'un timide signe de tête, récupère mon sac, puis nous nous levons. Je ne sais pas trop comment me comporter avec lui maintenant, tout est confus dans ma tête... Nous rentrons; il m'accompagne jusqu'à chez moi. Une fois arrivés, il prend ma main dans la sienne et se rapproche doucement.
- Mike, mon père pourrait nous voir...
- Ne t'en fais pas, je ne ferai rien qui puisse t'apporter des problèmes.
Ce beau garçon dépose un baiser sur mon front, puis sur ma joue, en frôlant mes lèvres. C'est affreux de devoir me contenter de ça... Je sourie à Mike puis rentre chez moi.