• Vingt-neuvième chapitre.

               Lorsque je referme la porte d'entrée, ma mère arrive, elle est en train de s'essuyer les mains sur un torchon. Son visage s'illumine lorsque ses yeux se posent sur moi.
    - Florencia ?! C'est bien toi ?!!
     Elle accourt vers moi et me serre dans ses bras.
    - O-oui maman, je lui réponds en souriant.
    - Mais, pourquoi tu ne m'as pas prévenue que tu venais ? J'aurai préparé ta chambre, j'aurai fait un gâteau, j'aurai....
    - Je voulais te faire une surprise, je la coupe.
    - Eh bien, c'est réussi. Tu as fais bon voyage ?
    - Oui, oui. Mais, si ça ne te dérange pas, je vais poser mes affaires.
    - Oh, oui, bien sûr. Laisse ta valise dans l'entrée, je monte préparer ta chambre. Au fait, tu as pris un maillot de bain ?
    - Euh, non..
    - Ce n'est pas grave, je t'en prêterai un. Ces temps-ci, il fait très chaud.
    - Ah bon ?..
     Elle monte à l'étage, me laissant seule au rez-de-chaussée. Je m'installe confortablement sur le canapé, en regardant si j'ai des messages. Dans le bus, j'ai rapidement expliqué à Lisa ma mésaventure avec Alexia. Elle n'en croyait pas ses yeux. Alors, je lui ai expliqué que je pouvais aussi jeter des sorts pour me défendre ou pour l'attaquer.
    Elle vient tout juste de me répondre :
    "Trop coooooooollll !!! Tu me montreras hein ?"
     Je lui réponds sans attendre :
    "Euh.... Oui, si tu veux, mais, je ne me suis pas encore beaucoup entraînée alors... Je ne sais pas ce que ça va donner..."
     Je reçois à nouveau un message de mon amie :
    "T'inquiète !"
     Je sourie bêtement. Elle me fait rire, pour elle, tout va bien, la vie est belle, tout est cool. Une voix me fait soudain sursauter :
    - Florencia, tu peux monter s'il te plait ? J'ai un maillot de bain que tu peux essayer !
    - J'arrive !
     Je me lève et monte à l'étage. Maman se trouve dans sa chambre, elle a sortit tout un tas d'affaires de piscine et les a déposées sur son lit. Elle pointe du doigt un petit ensemble deux pièces Banana Moon. Il est bleu ciel, presque fluorescent, et a des petites bandes marrons sur le tour. Il est magnifique.
    - Wouah !
    - Il te plait ?
    - Oui, beaucoup.
     Elle me tend le petit ensemble et me fait signe d'aller l'essayer dans la salle de bain. Je m'exécute dans l'instant. Le maillot me va à merveille, ni trop grand, ni trop petit. Je suis tellement contente que je ne veux plus le poser.
    - Maman ?
    - Oui ?
    - Je peux aller me baigner ?
    - Bien sûr ! La piscine est à 27°C, l'eau est bonne.
    - Cool !
     Je retourne dans la chambre de ma mère, lui empreinte une serviette et des lunettes de soleil.
    Je me fais un petit chignon haut à la va vite et descends pour profiter des derniers rayons de soleil de la journée. J'ai environ une heure avant que le soleil ne se couche.
    Les dalles beiges de la piscine sont brûlante. J'ai l'impression que mes pieds nus cuisent. La piscine est immense, d'un bleu éclatant.
    Je tire un transat pour qu'il soit plus proche de l'eau, j'installe ma seviette dessus, puis dépose toutes mes affaires.
    Je m'avance un peu, puis trempe mes deux pieds dans l'eau.
    Elle me paraît un peu fraîche, mais c'est supportable. Je rentre petit à petit dans l'eau, jusqu'à avoir les épaules recouvertes. Bien sûr, je fais attention de ne pas me mouiller les cheveux, je n'ai pas envie de me les laver ce soir.
    Après de longues minutes à avoir nagé, je sors de l'eau et m'allonge sur le transat pour bronzer un peu.
    Les lunettes de soleil sur le nez, je ferme mes yeux en me concentrant sur la douce chaleur qui se ballade sur ma peau. Deux voix différentes se font entendre, je n'arrive pas à comprendre ce que ces personnes disent. Je reconnais la voix de maman, et une voix masculine qui me paraît familière. Je passe outre et me concentre de nouveau sur le soleil.
    - Mademoiselle ? Excusez-moi, je risque de faire du bruit.
     Je retire mes lunettes et ouvre les yeux. Pendant quelques secondes, je suis éblouie par la lumière, puis, je reconnais mon interlocuteur; c'est le garçon qui taillait une haie que j'ai croisé tout à l'heure.
    - Vous ? je demande.
     Il me regarde de haut en bas. Je suis un peu gênée qu'il me vois dans cette tenue si... Légère. Il rit en se passant une main dans les cheveux; il porte toujours ses lunettes de soleil.
    - Décidément, je vais encore devoir vous embêter aujourd'hui... Désolé..
    - Ce n'est rien, je vous assure, de toute façon, je suis sèche, je vais rentrer; répondé-je.  
     Ses yeux se posent sur mon corps; sans doute pour confirmer que je suis sèche. Mais, cet acte me met mal à l'aise et je me sens rougir.
    Comme s'il comprenait ce que je pense, il détourne les yeux et regarde ses pieds.
    Je récupère mes affaires et retourne dans la maison. Je sens que son regard est posé sur moi pendant que je marche, les poils de mes bras se hérissent.
    - Déjà terminé ma chérie ?
    - Oui. Enfin, je laisse le monsieur travailler tranquillement.
    - Le monsieur ? Florencia, il n'a qu'un an et demie de plus que toi !
    - Ah oui ?
    - Oui, le garçon idéal hein ? Tu as vu, il est mignon hein ?
    - Maman...
     Je sais que c'est le moment de lui annoncer que je suis en couple. Que je sors avec Mike, et que, si je suis partie, c'est parce que papa m'a interdit de le revoir. Mais, aucun son ne sort de ma bouche.
    Je monte dans ma chambre; ça me fait bizarre de ne pas avoir une chambre personnalisée ici... Mais, il faut dire que je ne viens pas assez souvent pour ça. 
    Je me rhabille en mettant seulement une petite robe bustier. Je ne mets pas de soutien-gorge, ça gâcherai la tenue. Mes petites ballerines noires aux pieds, je redescends en regardant mon portable. Maman est dehors, elle se met du vernis.
    Soudain, mon téléphone vibre, Mike m'appelle :
    - Oui ?
    - Salut Flor, comment tu vas ?
    - Bien, je suis bien arrivée.
    - Tant mieux...
    - Et toi, ça va ?
    - Moui... Tu me manques ma douce...
    - Non, ne me dis pas ça... J'ai juste une envie, c'est d'être dans tes bras... Je t'aime...
    - Moi aussi. Tu rentres quand ?
    - J'en sais rien, dans quelques jours... Mais, souviens-toi que mon père ne veut pas qu'on se voit... Il m'empêchera de sortir...
    - On se verra en douce !
    - Ah oui, et comment grand malin ?
    - Ben.... Je passerai par ta fenêtre voyons !
     Je l'entends rire à l'autre bout du fil.
    - T'es complètement fou...
    - Oui, je suis complètement et irrémédiablement fou de toi.
     Mon cœur loupe un battement. Un frisson de désir parcourt mon corps, je veux le revoir, il me manque déjà...
    - Quoi de neuf ? je demande, pour changer de sujet.
    - Pas grand chose, ah si, le soleil est partit avec toi ! Ici, il pleut comme pas possible !
    - Ahah, moi par contre, ici, il y a un grand soleil ! Je viens tout juste de me baigner d'ailleurs...
    - Envoie-moi une photo !!
    - Rêve toujours mon cœur ! dis-je en riant. Allez, à plus tard !
    - T'es trop cruelle...
    - Je sais !
     Je raccroche fièrement. J'adore avoir le dernier mot.

    ........................................................................

    En fin d'après-midi, j'ai terminé de déballer mes affaires. Tout est rangé dans mon placard et j'ai rapidement décoré ma chambre. Actuellement, je regarde des vieux feuilletons télévisés qui ne m'intéressent guère. Mais, comme je n'ai rien d'autre à faire...
    - Florencia ?
    - Oui m'man ?
    - Tu peux aller offrir quelque chose à boire au jardinier s'il te plait ?
    - Oui...
     Je me lève et me dirige vers la cuisine. J'attrape un grand verre, puis le pose sur la table. Finalement, je me ravise et attrape une petite bouteille de bière. Je l'ouvre sans trop de difficulté. Ma robe descend un peu et dévoile légèrement le haut de ma poitrine, mais je n'y prête pas attention. Je sors par la porte qui mène au jardin et me rapproche du jeune homme. Ma mère dit qu'il est à peine plus âgé que moi, pourtant, il me paraît bien plus vieux. Mais.. C'est peut-être l'effet de ses lunettes de soleil, je ne l'ai encore pas vu sans.
    Je me racle la gorge pour signaler ma présence, mais avec tout le remue ménage qu'il fait avec sa machine, il ne m'entend pas. Je m'approche d'avantage, et il stoppe immédiatement son engin.
    - Attention ! Je pourrai vous blesser !
     Tout de suite moins sûre de moi, je fais un pas en arrière. Il descends de son échelle et se rapproche de moi.
    - Vous vouliez quelque chose ?
    - Non. Si. Enfin, oui, tenez.
     Je lui tends la bouteille de bière.
    - Oh, merci ! C'est très gentil. J'aurai fini mon travail d'ici une quinzaine de minutes.
    - Oh, ne vous pressez pas, vous pouvez rester autant de temps que vous voulez.
     Les mots sont sortit de ma bouche tout seuls, et je ne sais pas trop quoi faire à cet instant précis.
    - Euh, enfin, je veux dire... Il vaut mieux s'appliquer dans son travail pour qu'il soit bien fait... je bafouille.
     Il rit d'un rire franc. Je ne sais pas trop commence réagir, je suis vraiment mal à l'aise.
    - Permettez ?
     Je ne sais pas de quoi il parle, mais j'acquiesce bêtement d'un signe de tête. Son bras droit se rapproche de moi, puis passe dans mes cheveux. Je frémis sous ce contact. Il retire sa main et me montre ses doigts : j'avais une peluche dans les cheveux. Il me sourit tendrement, puis me dit :
    - Au fait, je m'appelle Mathias.

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