J'avance dans le réfectoire, cherchant mes amis des yeux, mon plateau dans les mains. Je n'ai pas revu Mike depuis tout à l'heure, mais pour le moment; il faut que je me concentre : je vais raconter à Lisa et Christopher ce qu'il m'arrive.
Mon meilleur ami me fait signe, à l'autre bout de la cantine, à notre table habituelle. J'avance d'un pas plus assuré et m'installe à côté de lui. Lisa ne tarde pas à nous rejoindre :
- Tu voulais nous parler Florencia ? s'inquiète mon amie.
- Oui.
Tout deux me lancent des regards interrogateurs. Je sais bien que je dois leur parler, mais je ne sais pas vraiment comment aborder le sujet.
- Hum... J'ai quelque chose à vous dire, commencé-je.
- C'est grave ?! Qu'est ce que tu as fais ? me demande Lisa.
- Chut, laisse-la parler ! lui lance Christopher.
- Merci Christopher, je réponds. Euh, en fait, ça va peut-être vous sembler difficile à croire mais...
Je les laisse un moment sans parler, en observant les gens autour de nous. Puis, je reprends :
- Je suis capable de lire dans les pensées des gens.
Mes deux amis échangent des regards à la fois inquièts et à la fois moqueurs.
- Tu veux dire... Que tu es une sorte de voyante ? demande Lisa.
- Ou de médium ? continue Christopher.
- Non, rien à voir. Enfin, je ne crois pas. Il n'y a pas que ça... Je peux aussi faire bouger des objets en y pensant.
Un grand silence s'installe à la table. Ma meilleure amie le brise en me demandant :
- Florencia, tu as de la fièvre ?
- Je me doutais que tu ne me croirai pas, lui dis-je.
- Bah en même temps...
- Regarde ça, je la coupe.
Je me concentre sur la cruche située au centre de notre table et la déplace jusqu'à ce qu'elle soit à la hauteur du plateau de Lisa. Ensuite, rien qu'avec la force de la pensée, je remplis son verre d'eau.
- Ok.. Là, c'est carrément flippant; dit-elle en se reculant.
Christopher ne me quitte pas des yeux, il ne dit rien.
- Ecoutez, je ne sais pas ce qu'il m'arrive, ni pourquoi ça m'arrive à moi. Tout ce que je sais c'est que c'est parfois utile. J'ai trouvé un livre à la bibliothèque du lycée; il explique tout sur ces dons. Je vais apprendre à les contrôler. Vous êtes mes meilleurs amis, il est important pour moi que vous soyez au courant...
Je finis mon morceau de pain et mon fromage, avant de manger ma danette vanille.
- C'est trop de la balle ! crie mon meilleur ami.
Quelques curieux autour de nous se retournent.
- Parle moins fort tu veux ?! Et n'en parle à personne, je ronchonne.
- T'inquiète pas va...
Nous quittons la table pour aller dans la cour à 13h00.
Je me dirige vers mon casier puis l'ouvre. J'attrape mon sac, prends mes affaires d'anglais et de mathématiques. Alors que je suis sur le point de mettre mon manuel d'anglais dans mon sac à main; Alexia le jette par terre.
- Eh ! Mais qu'est ce qu'il te prend ?! je lui demande, furieuse.
- Baisse d'un ton, tu veux ? Je fais ce que je veux ici, tu n'as rien à dire.
- Vas ramasser mon livre.
- Pardon, pardon... Mais à qui penses-tu t'adresser ?
- Roh, laisse tomber.
Je passe à côté d'elle en lui donnant volontairement un coup d'épaule. Mais cette peste me rattrape par le poignet et m'attire vers elle. Elle me serre si fort que mon sang n'a plus l'air de circuler. Alexia se rapproche de moi et me murmure à l'oreille en hachant ses mots :
- Tu vas quitter Mike, il est à moi; depuis le début.
- Je croyais que tu étais amie avec Lucie ? Tu ne vas quand même pas essayer de lui piquer Mike sous le nez...
Elle s'apprête à me répondre, mais quelqu'un s'interpose entre nous. C'est Jacob :
- Alexia, laisse-la tranquille, va chercher des poux à quelqu'un d'autre.
- Pour qui tu te prends petit vaux rien ?! gronde-t-elle.
Un surveillant; Joris, qu'on appelle aussi Jo; arrive.
- Il y a un problème ici ? demande-t-il.
Je jette un œil aux personnes qui m'entourent et réponds :
- Non, aucun.
Le surveillant tourne les talons en nous observant en coin. Alexia s'en va en pestant; je reste seule avec Jacob. Il se baisse et ramasse mon manuel.
- Tiens, ton livre; me dit-il en me le tendant.
- Merci.
Je fourre mon manuel d'anglais dans mon sac, que je repose dans mon casier.
- C'est normal. me répond-il.
- Non, je voulais dire, merci de m'avoir aidée avec Alexia...
- Ah; de rien. Ne t'occupe pas d'elle, elle n'aime personne.
- Je sais.
Je repense soudain au sport, quand Jacob a faillit me tripoter la poitrine. Je chasse rapidement cette idée de ma tête.
Mike se dirige vers nous. Il se faufile derrière moi et m'embrasse sur la joue en croisant ses mains sur mon ventre.
- Tiens, salut Jacob; de quoi parles-tu avec MA copine ?
- Je l'aidais simplement. Je dois y aller d'ailleurs, répond ce dernier en partant dans la direction opposée.
- Mike... je souffle.
- Quoi ?! me demande-t-il, d'un ton offusqué.
- Tu n'es pas obligé de marquer ton territoire...
- Je ne marquais pas mon territoire, je lui rappelais simplement que l'on sort ensemble toi et moi.
Je pose ma tête dans le creux de son cou brûlant et y dépose un petit bisous.
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Ce soir, je rentre à pieds avec Mike. Je l'ai inviter à passer à la maison après les cours. Comme j'invite souvent mes amis à la maison, papa ne se posera pas de question.
- Entre.
J'ouvre la porte de la maison. Personne n'est là : ni Simone, ni Jack, ni mon père. C'est étrange... Mais, c'est aussi une bonne nouvelle. Nous montons à l'étage au pas de course; je dépose mon sac sous mon bureau et m'assois sur mon lit.
- Mike; dis moi... Pourquoi ça t'énerve tant que je parle à Jacob ?
- Ce n'est pas que ça m'énerve Florencia... C'est juste, que... Les types comme lui, je les connais.
- Mais je suis avec toi, pas avec lui ! Tu n'as pas de soucis à te faire...
- Si, justement. C'est le genre de garçon qui peut foutre une relation en l'air en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
- Non, ce n'est pas vrai !
- Tiens, tu vois, tu le défends déjà..
Je m'apprête à répondre, mais tous mes mots restent bloqués dans ma gorge. Mike s'approche doucement de moi, en me regardant de ses yeux doux. Arrivé à ma hauteur, il s'assoit sur le lit, et approche sa main de mon visage. Il y fait des petits cercles avec son pouce sur ma joue.
Il ne sait pas combien il me rend folle, il ne sait pas à quel point je l'aime. Je sais que c'est l'amour fou. Mes yeux s'illuminent lorsque je l'aperçois, j'ai des papillons dans le ventre quand je suis avec lui. Je n'ai qu'une envie : me blottir contre lui et ne plus jamais bouger. Je le surprends à plonger ses yeux dans le décolleté de mon tee-shirt bleu marine manches trois quart à motifs. Je m'éclaircis la gorge et dis :
- Mike.
Il relève vers moi des yeux joueurs pleins d'amour et m'embrasse à pleine bouche, me faisant basculer sur le lit. Le voilà couché sur moi, en m'embrassant passionnément. Lorsqu'il retire sa bouche de la mienne, je pousse un petit grognement de mécontentement. Il se contente de rire en m'observant.
- Tu es magnifique... Je suis le plus chanceux du monde...
- Parle pour toi !
Nous nous sourions en nous lançons de doux regards.
- Je vais devoir rentrer chez moi ma belle, on se revoit demain..
- Non... Déjà ?...
- Oui, je suis désolé.
- Bon, à demain alors.
Mike se dirige vers la porte de ma chambre.
- Mike ?
- Oui ? me répond-il en se retournant vers moi.
- Je t'aime.
- Moi aussi Florencia, moi aussi.