Ce samedi, je me réveille assez tôt. J'ai eu du mal à dormir cette nuit, et, le sommeil m'a quittée. Je me lève doucement; sans faire de bruit afin de ne réveiller personne. J'ai toujours aimé faire cela, marcher à pas de loup, me faire discrète ou même espionner les gens...
Je descends les escaliers sur la pointe des pieds, en retenant ma respiration. Arrivée en bas, je me dirige vers la salle de bain du rez-de-chaussée et m'habille en tenue de sport : un petit short rose clair, un débardeur gris anthracite et des baskets grises. A l'aide de ma brosse, je remonte mes cheveux en queue de cheval. Je me dirige maintenant vers la cuisine pour aller déjeuner.
- Mademoiselle ?
Je sursaute et me retourne très rapidement en laissant échapper un petit cris :
- Aahh !! Simone, vous m'avez fait peur...
- Oh, excusez-moi, ce n'était pas mon attention... Que faites-vous debout si tôt un jour de weekend ?
- J'ai le sommeil léger ces jours-ci et, je voudrai aller courir un peu, pour me détendre un minimum...
Simone me regarde avec des yeux bienveillants.
- Ah, mon enfant, je vais vous préparer un petit déjeuner bien copieux, il vous faut des forces.
- Non non, pas la peine, tout va bien, ne vous occupez pas de moi.
Je termine ma phrase en prenant une pomme bien verte et en me dirigeant vers la porte d'entrée.
- A plus tard ! Prévenez papa que je fais un jogging !
Je sors de la maison branche mes écouteurs à mon portable, et me les mets dans les oreilles.
Je commence ma course en courant sur le trottoir, devant les maisons de ma rue. Je n'ai aucune envie de traverser la forêt seule, alors je la contourne en passant par des avenues que je ne connais pas. Je n'ai absolument pas le sens de l'orientation mais je suis trop essoufflée pour penser à ce petit détail. Après une trentaine de minutes, je m'arrête quelques instants puis m'assoie sur un petit muret pour récupérer un peu.
- Non sérieusement, ça alors ! Florencia Santillan, ici !
Je me retourne et vois Jacob, un des deux nouveaux de ma classe, sortir d'une maison accompagné d'Alexia.
- Pff, cette sotte a dû se perdre, elle n'avait pas son chauffeur à disposition, renchérit cette garce.
Je les regarde de travers tandis qu'ils rient de leurs petites vannes. Ces deux là ne valent même pas la peine que je leur réponde. J'aimerai juste qu'il arrive malheur à cette fille qui me pourrie la vie depuis toujours.
C'est alors que quelque chose d'étrange, mais très drôle se produit : l'arrosage automatique se déclenche, et en moins de cinq minutes, Alexia se retrouve trempée de la tête aux pieds et je remarque de loin que son maquillage de bimbo coule comme de l'encre. J'éclate de rire sous les yeux incompréhensifs de Jacob et me remets à courir. Ce petit incident était bien drôle.
Je regarde l'heure qu'indique mon téléphone, et vois que ça fait déjà quarante minutes que je suis partie de chez moi.
- Bon, on va dire que je rentre dans maximum une heure, je marmonne seule.
Je reprends mon jogging en courant le plus vite possible quelques instants. Les maisons défilent à une vitesse folle autour de moi, le vent claque mon visage. Je ralentis enfin quand je crois reconnaître Mike.
Il est devant une boîte aux lettres ouverte et a quelques enveloppes dans sa main gauche. J'hésite un peu, puis décide de faire comme si je ne l'avais pas vu, après tout, il ne va pas me reconnaître. Je reprends ma route en marchant très vite mais il m'interpelle :
- Florencia, c'est toi ?
Je me sens obligée de me retourner.
- Ah, bonjour Mike, je ne t'avais pas vu.
Il me sourie. Je ne peux m'empêcher de le relooker de la tête aux pieds : il porte un short à carreaux bleu et blanc qui lui arrive au niveau des genoux et un tee-shirt blanc. Ses bras sont énormément musclés, ses mollets aussi. A travers son tee-shirt, je peux distinguer le contour de ses abdos. Il est si beau... Surtout quand il me regarde comme cela de ses yeux verts profonds...
- Tu veux entrer ?
Je le regarde avec des grands yeux ahuris puis accepte, par politesse.
- Euh... Oui, pourquoi pas ?..
Il m'entraîne à l'intérieur de me prenant le bras puis me fait directement monter dans sa chambre.
- Alors c'est ici que tu habites ? je lui demande.
- Oui. Excuse moi du désordre... Comme tu peux le constater, je n'ai pas encore fini de déballer mes cartons de déménagement...
Je n'avais pas encore remarquer, mais effectivement, plusieurs cartons étaient éparpillés dans la pièce.
- Ce n'est rien, tu veux que je t'aide à ranger certaines choses ?
- Non, je ne voudrai pas abuser de toi. Je n'aimerai pas que tu penses que je t'ai fais venir chez moi pour que tu ranges ma chambre à ma place. Mais c'est gentil de proposer, merci.
Les minutes passent, j'observe la chambre de mon ami avec attention, il a beaucoup d'objets anciens, sûrement des héritages familiaux. Je brise le silence en lui demandant :
- Tes parents sont ici ?
- Oui, enfin ma mère. Elle est en bas je crois.
A ce moment là, des bruits de pas se font entendre et quelqu'un frappe à la porte. Mike va ouvrir.
- Oui, maman ? Tu veux quelque chose ? demande mon ami.
Une femme passe le pas de la porte et s'apprête à répondre, lorsque son regard se pose sur moi. Elle me fixe un moment, ce qui me mets mal à l'aise puis dit :
- Ah, Mike c'est... Enfin c'est ta ..
- Maman ! la coupe-t-il.
- Ah, oui, enchantée mademoiselle, c'est juste que cela faisait longtemps que Mike n'avait pas ramener sa petite copine à la maison. Depuis combien de temps déjà ? Ah oui, depuis un an et demi. Mais je suis vraiment très heureuse pour lui.
- Euh, enchantée madame Davis, mais, il doit y avoir un malentendu parce que je ne suis pas... Enfin Mike et moi on est..
Sa mère ne me laisse pas finir ma phrase :
- Ah oui, pardon, je vous laisse tout les deux. Vous avez sûrement des choses à faire... Mais essayez de ne pas faire du bruit si jamais vous...
- Non maman...
- J'espère que vous avez prévu quelque chose pour vous protéger hein ? Mike, tu veux que je vous dépanne ? Je dois encore en avoir un dans mon placard si je cherche bien...
- MAMAN ! Sors d'ici s'il te plait.
- Bon, bon... Je m'en vais, mais ne faites pas trop grincer le lit, je suis juste en bas...
Quand la porte se referme, Mike se tourne vers moi :
- Excuse-moi pour, euh, pour cette scène... Ma mère est parfois... Euh...
Je ris nerveusement; mais je sens bien que je suis en train de rougir.
- C'est rien.
- Si, si... Je vois bien qu'elle t'a mis mal à l'aise avec ces histoires...
- Non, ça va. T'inquiète. Bon, c'est pas tout, mais il va falloir que je rentre. Alors, euh on se voit lundi...
- Ouais, lundi.
Je sourie à mon ami, puis nous descendons pour aller dans le jardin. Il me raccompagne jusqu'au bord de la route, puis me dit au revoir d'un signe de main.
Grâce à la fonction GPS de mon téléphone, je n'ai pas trop de mal à rentrer chez moi. Je cours encore pendant environ un kilomètre puis j'arrive devant chez moi.
- Me voilà ! dis-je en franchissant la porte.
J'ai la surprise de voir Lucie chez moi, dans le salon, assise sur le canapé. Je vais la voir et lui fais la bise.
- Euh, salut. Qu'est ce que tu fais là Luc' ?
- Je venais te voir pour m'excuser de ma réaction l'autre jour. C'était un peu déplacé de ma part, Mike a juste été gentil car il est venu t'aider. Et puis, en plus, vous êtes dans la même classe donc vous allez vous voir souvent.
Ne t'en fais pas, j'essayerai de faire des efforts pour ne pas être jalouse de toi. Après tout, ce n'est pas comme si vous vous voyiez tous les jours ou s'il venait chez toi et toi chez lui. Vous êtes juste des potes.
- Ah bah euh oui... On se voit juste pour les cours hein, dis-je nerveusement. En tout cas c'est gentil d'être venue t'excuser. J'espère qu'on ne va pas se disputer pour un garçon...
- Moi aussi je l'espère. D'ailleurs, j'ai une petite faveur à te demander : est ce que tu pourrai lui parler de moi ? Ou au moins me présenter à lui dès lundi ..?
- Euh... C'est à dire que...
Mon amie me regarde attentivement, comme si elle voulait me piéger.
- C'est d'accord. Tu viendras le voir avec moi lundi.
- Oh merci !! Je te revaudrai ça ! Mais en attendant il faut que je file, à plus !
Lucie quitte ma maison, toute excitée, en sautant comme une puce.
Mais dans quelle galère me suis-je encore fourrée ?